Que faire en cas de chondrocalcinose articulaire (CCA) ?
La CCA peut être responsable d’arthrites localisées le plus souvent aux genoux et aux poignets. La colchicine n'a d'intérêt que donnée au long cours (1 mg/j) afin de diminuer la fréquence des crises. Le traitement de la crise repose sur la mise au repos de l'articulation, la prise d’antalgiques et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (en l’absence de contre-indication). Si besoin, une infiltration peut être réalisée dans l’articulation.
En pratique, toutes les articulations peuvent être infiltrées. Surtout les infiltrations du genou car cette articulation est la plus souvent touchée. La réalisation d’infiltrations dans les autres articulations doit être discutée au cas par cas.
Les médicaments sont au nombre de cinq. Ce sont : les corticoïdes simples (les plus fréquents), l’acide hyaluronique, les corticoïdes d’action de longue durée (Hexacétonide de triamcinolone), l’acide osmique et les radio-isotopes. On parle de synoviorthèse pour les trois derniers agents car leur utilisation vise à supprimer l’hypertrophie du tissu synovial qui est responsable des épanchements récidivants.
Un genou au cours de l’hémochromatose doit être infiltré quand il reste douloureux malgré les médicaments oraux. Il faut privilégier les infiltrations de corticoïdes lorsque l’articulation est le siège d’un épanchement articulaire. Les infiltrations d’acide hyaluronique sont à faire de préférence dans un genou sans épanchement, et qui n’est pas le siège d’une chondrocalcinose articulaire. La réalisation de synoviorthèses isotopiques ou à l’acide osmique peut se faire en cas d’échec des thérapeutiques précédentes. Elles doivent être faites en milieu spécialisé et généralement après une courte hospitalisation de 24 heures.
Si les médicaments oraux, les infiltrations et la kinésithérapie ne soulagent plus une arthrose du genou ou de la hanche, il faut discuter d’un traitement chirurgical qui est le plus souvent la mise en place d’une prothèse articulaire faite par un chirurgien orthopédiste.
Il ne faut pas mettre en place une prothèse à une articulation récemment douloureuse. Il faut éviter si possible de mettre en place des prothèses articulaires à des patients jeunes (moins de 40-45 ans).
Les autres prothèses (chevilles, épaules…) ne sont posées que de façon exceptionnelle et leur indication doit être soigneusement discutée.
En cas de tassement vertébral par ostéoporose et fractures rachidiennes, le diagnostic d’ostéoporose est fait par analyse des résultats d’une densitométrie osseuse. Il faut tout d’abord s’assurer que ce tassement est bien secondaire à une ostéoporose. Si c’est le cas, il faut ensuite explorer l’origine de cette déminéralisation osseuse. Dans l’hémochromatose chez la femme, la ménopause peut aggraver encore la déminéralisation. De nouveaux médicaments très efficaces n’ont pas reçu l’AMM dans cette indication, l’un aurait une action préventive : le Raloxifène (Vista R).
Un tassement vertébral ostéoporotique est le plus souvent douloureux pendant un à trois mois. Une ceinture de contention ou une immobilisation par un corset en résine permet le plus souvent un bon contrôle des douleurs. Si un tassement ostéoporotique reste douloureux malgré la prise d’antalgiques et le port d’une contention, une cimentoplastie (injection d’un ciment dans la vertèbre) peut être discutée.
Un tassement vertébral au niveau du rachis cervical ou au niveau dorsal haut (au-dessus de la cinquième vertèbre dorsale) n’est à priori jamais un tassement ostéoporotique.
Pour une articulation douloureuse chez un patient hémochromatosique, les radiographies standard apportent dans la grande majorité des cas le diagnostic. Ce n’est que dans des situations très particulières et rares qu’une IRM ou un scanner pourront être demandés.
NDLR : Récemment a été cité (mais très coûteux) l’action antalgique du Flector Tissugel R 1 % en application locale (Presse Médicale, 28 08 04).
Dr RICHETTE
Bulletin bimestriel AHF n° 77 - Novembre-Décembre 2004